Prendre par derrière… UNE PHOTO DE RUE

Le titre fait sourire, bien sûr. Mais derrière le jeu de mots, il y a une vraie réflexion. En photographie de rue, j’ai souvent lu ou entendu que photographier quelqu’un de dos, c’était “fuir le face-à-face”, une preuve de timidité ou de peur. Je ne vais pas mentir : oui, c’est plus facile. Mais ce n’est pas pour autant moins profond. Depuis plus de quarante ans, je photographie des gens. Dans mon métier de photojournaliste, il fallait capter les célébrités de face : c’était la règle, l’exigence des magazines. Mais dans la rue, les choses sont différentes. Je me demande souvent pourquoi tant de photographes cherchent le frontal, parfois au plus près, comme pour exposer quelqu’un, souligner le ridicule d’une situation ou d’une attitude. Beaucoup fixent leurs propres limites : ne pas photographier les enfants, ni les sans-abri. C’est une question d’éthique, de morale personnelle. Je respecte cela. Mais au fond, quelles sont les “vraies” règles ? En réalité, il n’y en a pas. Il n’y ...